

- Merci d'être passée, revenez
chez nous, me dit la vendeuse
toute souriante.
Je sors du petit market.
Il fait déjà nuit, pourtant il
n'est que 18h00 !
Je veux bien accepter le fait
que l'on soit en hiver mais tout de même !
Ça a beau faire 5 ans que je vis ici, à Farewood et je n'arrive toujours pas à m'habituer aux horaires du pays ?!
Je soupire, fatiguée. L'air froid réussit à s'introduire et à refroidir tout mon corps malgré le gros pull en laine brune, le gros blouson noir, le pantalon en jean et les bottes montantes fourrées que je porte.
La lune me regarde et les étoiles, complices, me sourient et me conseillent de rentrer à la maison. Ce que je fais.
Je marche tranquillement. Seule sur le trottoir illuminé par les lampadaires. Mon sac de course à la main dans lequel se trouve mon repas de ce soir, soit des pâtes.
Farewood est une petite ville tranquille presque -je dis bien PRESQUE- perdue en forêt. Il n'y a pas beaucoup de magasins ici.
Bzzz bzzz
Mon téléphone vibre. Je décroche et reconnais la voix de Julie, ma meilleure amie.
- Allo Alice, je te dérange ?, me demande-t-elle.
- Nan, ne t'en fais pas.
Et on commence à discuter. Puis elle aborde un nouveau sujet. En ce moment tout le monde n'arrête pas d'en parler.
- Je m'inquiète un peu pour mon père. Je t'ai raconté que demain il allait à la chasse avec des amis. Il y a encore eu une attaque au bétail. Je commence a avoir peur...
Hm...c'est vrai qu'en ce moment il y a de quoi avoir peur.
Depuis une semaine, à différents endroits de la ville il y a eu des attaques sur le bétail. Un matin un berger a retrouvé toutes ses chèvres mortes. Je passe les détails mais apparemment c'était horrible à voir, un vrai massacre.
Depuis le père de Julie part avec d'autres hommes à la chasse dans l'espoir d'attraper les coupables. Ils pensent que ce sont des loups mais rien n'est encore sûr.
J'arrive devant chez moi.
- Ne t'inquiète pas tout va bien se passer. Il ne sera pas seul et en plus il sait se débrouiller avec un fusil.
- Hm...tu as raison. Bon je dois y aller ! Je te laisse on se voit demain au lycée !!
Puis elle raccroche.
La maison blanche avec étage, les volets rouges et le grand jardin avec la pelouse bien tondue me souhaitent la bienvenue.
J'insère la clé dans la serrure et ouvre la porte. J'entre et allume la lumière. À ma gauche il y a la télé et le canapé en cuir noir ainsi que la petite table basse, le tapis et deux portes fenêtres menant au jardin. Devant moi l'escalier en bois qui mène à l'étage. À droite la salle à manger et la cuisine. La salle de bain, ma chambre et deux autres chambres d'amis se trouvent au-dessus.
J'enlève mon blouson et mes chaussures. Je me dirige vers la cuisine et prépare le repas.
Ensuite je m'installe dans le canapé mon repas à la main devant la télévision.
Quand je pense que ça fait déjà 5 ans que je vis à Farewood ! J'étais âgée de 11 ans lorsque j'ai emménagé ici. Au début je détestais cet endroit...devoir laisser mes anciennes amies -avec qui je n'ai plus aucun contact- et mes habitudes avait été très dur pour moi. Mais je m'y suis faite.
Heureusement Julie était là ! La petite brune aux cheveux frisés, aux yeux bleus azur et pétillants, à la peau lisse et bronzée m'avait toujours soutenu. Alors que les autres ne venaient pas beaucoup vers moi du fait que je sois étrangère et que comme dans tout les petits patelins paumés comme celui-là on aime pas beaucoup les nouveaux venus.
Elle fut la seule à venir me parler. Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans elle !
Miaou miaou
- Patoune ! Tu as faim ? Viens je vais te donner à manger.
Roux et blanc, affectueux et aimant les calins, Patoune est mon petit chat de 3 ans.
Je pose mon assiette dans le lavabo de la cuisine et prends ses croquettes. Il se frotte à ma jambe en ronronnant. Je souris, retourne dans le salon et ouvre la porte fenêtre. L'air froid me fouette le visage et je ne peux m'empêcher de frissonner.
Sa gamelle se trouve dehors. Je verse les croquettes quand j'entends mon petit chat souffler, tourné vers le jardin.
- Qu'est-ce qu'il y a Patoune ?
Il fait noir et je ne vois rien.
Immédiatement, en bonne trouillarde que je suis, je commence à avoir peur. Alors la voix tremblante je demande.
- Il y a quelqu'un ?
Pas de réponses. Je recommence mais en criant cette fois.
- Il y a quelqu'un ?!
J'entends un râle de douleur. Je sursaute. Il y a bien quelqu'un dans mon jardin ! Je fais quelques pas en arrière.
- Je sais que vous êtes là ! Montrez vous ou j'appelle la police !
Même si j'appelais la police ça ne changerai rien. Si l'individu était dangereux, il aurait bien eu le temps de m'attaquer.
Je prends mon portable, active la fonction "lampe de torche" et le brandis devant moi pour essayer de voir quelque chose. On ne voit quasiment rien cependant après un moment j'arrive à distinguer une ombre au niveau du gros chêne, le seul arbre du jardin.
Je m'avance prudemment. Lorsque j'arrive à hauteur du chêne, je m'aperçois que c'est un jeune homme.
Il est à terre appuyé contre le tronc de l'arbre.
Je vois tout de suite des griffures sur son thorax et du sang qui coule. Je me précipite vers lui.
- Ne me touche pas !, me crie-t-il.
Mais décidée à l'aider, je prends son bras gauche que je mets autour de mes épaules et l'aide à se relever.
J'ai l'impression qu'il pèse une tonne !! Je ne suis pas très forte mais tout de même, je ne suis pas si faible au point de ne pas pouvoir aider une personne en danger si ?!
Après quelques minutes de rude combat pour ramener le blessé jusqu'à mon canapé je prends le temps de l'observer un peu.
Il est grand et plutôt bien bâti. Ses yeux bleus clairs me font penser à de la glace, ses cheveux blonds en bataille aux champs de blés et son magnifique visage finement dessiné est tourné vers moi.
Son jean et ses baskets salis ainsi que son t-shirt ensanglanté et déchiré par endroits me racontent qu'il a dut venir par la foret mais que faisait-il là-bas vêtu comme si on était en été et que lui est-il arrivé ? Je remarque qu'il porte une amulette.
Je commence à composer le numéro des urgences mais le garçon m'arrête et m'attrape par le poignet. Je me stoppe et le regarde surprise.
Sa main est grande et sa peau chaude.
- N'appelle pas les urgences s'il te plaît, me demande-t-il le regard sérieux.
- Mais tu es blessé ! Je ne peux pas te laisser dans cet état !
- Il ne faut pas que ce soit eux qui me soignent ! S'il te plaît...
Je ne peux pas résister à ce regard et accepte à contre-coeur.
- D'accord...mais dans ce cas laisse moi au moins m'occuper de toi.
Il hoche la tête consentent.
Je monte à l'étage dans la salle de bain et revient avec du produit désinfectant, des compresses, du coton et des bandages.
Je me mets par terre devant lui. Son visage est tordu par la douleur.
Je m'approche lui enlève son t-shirt.
Il me laisse faire en silence.
Je réprime une grimace à la vue du liquide pourpre. Je prends le coton et verse le produit dessus. Je pose mes mains sur son torse finement dessiné. Puis je commence à tapoter doucement la blessure. Il serre les dents.
- Désolée si je te fais mal...
- C'est bon ça va.
- Comment tu t'appelles ?
- Oliver. Et toi ?
- Alice. Comment tu t'es fait ça ?
Il réfléchit un instant cherchant une réponse convenable.
- Je ne peux pas te le dire.
Je n'insiste pas, à vrai dire je n'ai pas vraiment envie de savoir.
- Il y a quelqu'un qui peut venir te chercher ?
- Mon grand-père mais je rentrerais à pieds ça ira.
- Je te l'interdit ! Tu as vu l'état dans lequel tu es ?! Hors de question de te laisser partir comme ça ! J'ai pas envie d'avoir un mort sur la conscience moi !
La tête baissée et concentrée sur son torse je sens son regard se posait sur moi ce qui me met plutôt mal à l'aise.
- Mon grand-père ne peut pas venir...il est malade et cloué au lit, me confit-il.
Je réfléchis un instant et lui propose de rester à la maison.
- Il y a deux chambres d'amis à l'étage. Tu pourras rester ici pour te reposer. Mes parents sont absents pour un moment en plus. Donc ça ne cause aucun problème.
Il reste muet et je rougis repensant à la manière dont je lui ai présenté la chose et au fait que je l'ai "déshabiller" sans aucune gêne. Je dois être ridicule.
Il finit par accepter.
- D'accord mais je ne resterais ici que jusqu'à demain soir. Après je m'en irais.
Je soupire, rassurée.
Je ne pouvais vraiment pas le laisser seul dans cet état. J'aurais cependant aimé qu'il décide de rester minimum une semaine car j'avais vraiment peur pour sa blessure. C'était plutôt grave. Je finis de le soigner et recouvre le tout de bandages.
- Bon viens avec moi.
Je me lève et il me suit. Je l'emmène à l'étage et l'installe dans l'une des chambres d'amis. Je lui ramène ensuite de nouveaux vêtements.
- Tiens. Enfile-ça, c'est à mon père. Je pense que ça ira.
Puis je le laisse un instant seul. Quelques minutes je re-rentre. Il est assit sur le lit, observant l'endroit.
- Couche-toi et dors.
Il s'exécute. Il se met sous les couettes chaudes et me fixe. Je soupire avant d'éteindre la lumière.
- Si tu as besoin de quelque chose. Appelle moi.
Et je ferme la porte.
Qu'est-ce que je suis en train de faire ?! J'accueille un inconnu, une personne potentiellement dangereuse, chez moi et lui propose de rester dormir !? Il faut que je me ressaisisse.
Je verrouille la porte et les fenêtres et pars me coucher à mon tour.
Demain risque d'être une journée compliquée.

Chapitre 1 :